Jean-Claude Masson : : L'Alpha et l'Oméga, Paris, Editions Saint-Germain-des-Prés, 1979

28 juillet 2013

Jean-Claude Masson : : L'Alpha et l'Oméga, Paris, Editions Saint-Germain-des-Prés, 1979

Jean-Claude MASSON : L'Alpha et l'oméga, Paris, 1979

Après la publication de Méprises (1970), Delenda Carthago (1971), Centrifuges (1971), Immobiles soleils secrets (1975) et Mots croisés (1975), Jean-Claude Masson (1950) rompt avec les préoccupations et les recherches formalistes de ses premiers recueils (aujourd'hui épuisés) et donne L'Alpha et l’oméga (1979) qui inaugure une recherche poétique personnelle qu'il considère comme sa véritable entrée en poésie. Avec ce livre dont le matériau est constitué d'un seul long poème lyrique, MASSON "manifeste sa passion pour la grande tradition lyrique allant d'Apollinaire à Rilke, d'Eliot à Paz, de Cavafy à Pessoa". Son expérience des langues étrangères (il est traducteur d'auteurs hispano-américains chez Gallimard) et sa connaissance des cultures autres que celles de tradition française nourrissent en effet une interrogation sur le temps et les métamorphoses du monde. Le poème témoigne d’une scrutation comme hallucinée des multiples éléments du réel où trouve à s’exercer l’image, qui est tension vers un surréel, vers un au-delà des apparences. Articulé autour de quelques points de repères éclectiques tirés d’œuvres anciennes ou contemporaines (d’Héraclite ou Saint-Jean à William Burroughs ou Michaux) le poème oscille entre l’intelligible et le vertige, le chaos originel et la cosmogonie que rend possible le langage poétique, entre l’abîme des métamorphoses et la permanence dont témoigne le verbe et ce qui le génère : l’angoisse devant la grande roue de la vie. Cette écriture baroque où joue l’art du cut-up est aussi une écriture visionnaire. Par elle, le poète éclaire toutes choses de l’intérieur et, rapprochant ou brassant la foule des éléments épars, en révèle la transparence ou, au-delà des mots, la musique initiale et intemporelle.

éric Brogniet

éric Brogniet, « L’alpha et l’oméga », dans Robert Frickx et Raymond Trousson : Lettres françaises de Belgique, Dictionnaires des œuvres, tome 2, La Poésie, sous la direction de Christian Berg et Robert Frickx, Paris Gembloux, éditions Duculot, 1988, p. 27.

D’après Alain Baudot, « Jean-Claude Masson », Fiche bio-bibliographique du Groupe de Recherches en études Francophones, Toronto, 1986, et Pierre Seghers, « Sept poètes en quarantaine », Cahiers de poésie, n°1, Spa, 1985.